Le coeur sur les mains

Elle parle, mais sa voix n'est pas seule. Son corps parle aussi, et il a des choses à dire. Ses mains, en particulier, semblent douées d'une autonomie fluide, presque animale. Elles suivent la conversation, elles réagissent, ou bien elles suivent un autre fil de pensée et elles s'occupent comme si de rien n'était. J'écoute du regard, et je sens ce qu'elles disent.

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Quand elles parlent, elle ouvre son coeur ; quand elles bougent, elle l'a sur la main. Alors on peut lire à coeur et à travers. Les couleurs de son humeur, les angoisses et les attentes, les impatiences et les désirs. Le temps passe, et la conversation se mue en silence. L'objectif est là, les mains sont vues, et de peur d'être lues elles se posent sagement en attendant que le regard promène ses questions sur d'autres paysages…
 
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Impression de printemps

L'exposition est maintenant terminée. Les images sont parties, les cadres vides, les photographies rangées. Un bon moment, une découverte, un peu de fierté aussi — pour les compliments reçus, la photo dans le journal, les encouragements des copains. Et puis ma première vente. Un exemplaire de la photo "Le coeur léger" qui va être livré dans les prochains jours, le temps que l'on décide du cadre le mieux approprié.

Tout cela m'a donné envie de me mettre à l'impression. Je fais rarement faire des tirages, et pourtant c'est tellement plus beau sur papier que sur écran. Moins lumineux, mais plus subtil, plus détaillé, plus présent. Alors j'ai profité d'un renouvellement à faire pour acquérir une petite imprimante… de très bonne qualité.

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Absent hier, apparu timidement aujourd'hui, demain peut-être parti, ce petit crocus est venu avec quelques fleurs-soeurs apporter une touche très picturale sur le gazon. J'en ai profité pour aller le saluer de plus près et en faire un tirage 20x30 au rendu magnifique. Le printemps s'annonce bien.
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Super(ex)positions

L'exposition se termine, les Super(ex)positions quittent la lumière et vont rejoindre, pour certaines, l'intérieur chaleureux d'un couple raffiné, pour d'autres, une sombre pochette qui les mettra à l'abri des regards et des dégâts du temps en attendant — peut-être — d'être de nouveau convoquées.

Certaines ont déjà été publiées ici, mais c'est l'occasion de les présenter toutes et de revenir sur leur fil conducteur — cette idée d'un réel partagé dont la représentation montre autant l'espace commun (à commencer par celui de l'image) que les divergences d'esprit entre les deux voyeurs associés.

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Le Coeur léger est toute en simplicité. Comme le souvenir d'un moment anonyme et enfui. Une énamoration ancienne où le mariage des textures habille une marque du passé, l'idée d'un élan dans la mémoire, un entre-deux-eaux amoureux.

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Avec un mouvement plus dynamique, À Contre-courant a des accents oniriques puissants, entre les ramures hallucinées de l'inconscient et les réminiscences de détails obsédants. Des pavés, une touffe d'herbe, une montre, un homme sans visage qui avance résolument vers l'arrière : dans un espace minéral et statique, les éléments de vie donnent l'illusion d'un temps maitrisé par un pouvoir de remémoration perpétuelle — pouvoir de franchir, encore et encore, une eau qui pourtant n'est jamais deux fois la même.

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Sans tambours ni trompettes, Le Miroir aux esperluettes est d'un abord plus direct, plus facile aussi. C'est un clin d'oeil aux scènes de rues anonymes, une vision bonhomme d'une enfance insouciante, sur fond de parc arboré, de grilles monumentales et d'espaces mesurés.

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Texturé et structuré, Sous l'Horizon, la plage se cherche autour d'un équilibre en perpétuelle question. Dans en environnement graphique et décalé, qui suggère le mouvement maitrisé d'une ville faussement dynamique, un homme est assis, sans passé et sans futur, coincé entre nos deux visions comme s'il était ni de l'une ni de l'autre. C'est bien la place de l'humain dans l'urbain qui est en question ici.

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Enfin, La Cité ambiguë met une fois de plus nos sens sans dessus dessous. Dans un quartier à la fois moderne et sans âge, où le temps a passé sans vraiment laisser son empreinte, on assiste à la débâcle d'une montagne de béton qui disparait tandis qu'une autre apparaît. De souvenirs en souvenirs, les lignes de pierre se superposent et se noircissent, emprisonnant la lumière jusqu'à faire disparaitre le ciel. La vision d'un espace où l'homme ne pourrait même plus chercher sa place hante notre dernier cliché partagé.
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Une couche de vernis

Le grand soir a fini par arriver. Les mois de travail photographique, les réunions de mise en place (auxquelles, pour être honnête, j'ai très peu participé), le choix des photos, l'encadrement, l'accrochage, tout est fait. Les affiches ont été posées jusqu'au musée Niepce à Chalon-sur-Saone, les flyers envoyés ici ou là, et les médias mis à contribution autant que possible. Nous sommes huit. Nous sommes prêts.

Mon projet est terminé. Enfin… provisoirement. Nous n'avons pas pu autant travailler que nous l'aurions voulu, avec mon complice Claude. Et le principe même du projet fait que la qualité dépend aussi largement de la quantité de photos que l'on peut sortir, tant l'aléatoire et l'incontrôlable sont présents dans cette photographie à deux index. Il faudra fatalement y revenir.

Reste que le vernissage, ce soir, avait une saveur douce pour moi, qui n'avait jamais exposé encore. Une centaine de personnes sont venues voir les huit séries, dans une réception sympathique et animée.

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Les quelques retours sur place ont été très bons, et pour ma part, comme toujours, à contre-courant de ce que je pensais de mes propres images. En tout cas les présents ont largement vu et commenté les photos, ce qui était bien l'essentiel ce soir (avec le champagne, mais c'est une autre histoire).

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Alors, observateurs, vous me direz : pourquoi, exceptionnellement, utiliser ces filtres outranciers sur mes photos du vernissage ? Parce que leur quelconquitude m'ennuie, et que d'après les hipsters de mon quartier, c'est le filtre qui fait tout. Je ne sais qu'en penser…
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Textures tannées

Les photos forestières seront bientôt plus nombreuses que les photos urbaines ici. C'est l'environnement qui veut ça, le changement d'air, le retour aux bois de mon enfance. Parmi les bons moments des balades d'antan, je me souviens avec délices des champignons des sous-bois, des lianes le long des troncs des frênes, de l'odeur de l'humus avant la pluie et du chant des oiseaux dans les ramures centenaires…

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Aujourd'hui j'ai paressé devant les écorces des vieux arbres, l'oeil rivé à l'objectif — pour parcourir un univers à part, qui se touche, se regarde et s'explore avec minutie, à la recherche des paysages les plus rêches, des déchirures profondes, des couleurs minérales ou des lichens lovecraftiens

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Exposition, expositions

Le projet ne recule pas, c'est déjà une bonne nouvelle. J'ai une première série d'images réalisées pour l'exposition Baudelaire à Dijon (qui aura finalement lieu en janvier-février 2017). Il reste encore une ou deux séances à faire pour aller un peu plus loin, faire un peu mieux, mais on a maintenant une assez bonne idée de ce que ça donnera.

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Le concept fonctionne très bien, je pense. L'idée de mélanger deux images en une seule donne vraiment cet aspect à la fois onirique, propre aux surimpressions, et philosophique, en quelque sorte, grâce à la superposition du regard de deux personnes différentes.

Le fait que l'on ne maitrise pas du tout le processus ajoute aussi de l'intérêt, même si ce n'est pas perceptible sur l'image. C'est l'appareil qui réalise la surimpression, un seul fichier image en sort et on ne le vérifie surtout pas tout de suite. Les déceptions sont donc nombreuses, mais il reste la spontanéité de l'inattendu lorsque le résultat magnifie le paysage urbain objet de nos confrontations visuelles.
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Photographie internationale

C'est en mode road trip que mon copain Claude et moi avons pris la route pour Köln et sa très renommée Photokina, l'un des salon photographiques les plus importants au monde. En l'espèce, nous n'avons pas été déçus. Deux jours pour voir les choses en grand !

La lumière bien sûr, mais aussi l'espace, le bourdonnement multilingue, les vitrines étincelantes, les sourires inamovibles des exposants gonflés à bloc et les images — les images, évidemment. Quelques expositions magnifiques et un long lèche-vitrines pour regarder le matériel rutilant présenté à nos yeux fiévreux, des nouveaux Olympus au moyen format Fuji, des drones en tous genres aux caméras fish-eye et autres gadgets vidéos présentés par une foule de fabricants asiatiques plus ou moins totalement inconnus.

Et une tendance amusante : le vintage photographique a toujours le vent en poupe et vire au tirage papier instantané, comme les vrais Polaroïds, en général dans une qualité à peine plus catastrophique que les originaux. On a bien vu une demi-douzaine de solutions autour de ce concept… novateur ?

Mais j'écris, j'écris, et j'oublie un point essentiel : la visite de Cologne.

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Le tourisme de salon a ses limites, et le déclencheur nous démange. Nous avons marché, traversé des quartiers assez déprimants, mais surtout vu quelques coins magnifiques, dans la périphérie comme dans le centre. Le tour a été court, mais très instructif grâce à une guide d'exception qui nous a fait découvrir "sa" ville (la famille est un peu dispersée, en l'occurence ça a du bon !). Et une cathédrale sombre à l'architecture flamboyante pour un mélange sucré-salé.

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Ah, et un détail curieux quand même, à la Photokina. Pour un salon international, j'aurais choisi l'anglais comme langue médiane et médium. Les Allemands ont une conception plus "française" de la chose : tout en allemand. Panneaux, conférences, plaquettes de présentation, service. Demärden Sie sich.

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Prisme urbain

Il y a encore fort à faire avant de pouvoir sortir enfin les quelques clichés de ma future exposition collective. Depuis mai les choses ont peu avancé, mais nous savons au moins une chose : si le concept est intéressant, sa réalisation n'est pas si simple.

Seul, je peux composer mes surimpressions, peu ou prou. C'est surtout le contraste qui joue, mais je ne me suis pas beaucoup plus penché sur le processus de mélange des vues par l'appareil. À deux, nous avançons à l'aveuglette. Parfois on rate le coche, parfois une partie est très bien mais l'image est déséquilibrée.

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C'est un peu le cas de celle-ci. J'aime bien sa dynamique, les lignes, les contrastes, mais l'ensemble est instable. Ça reste une de mes préférées quand même.

On continue l'exploration urbaine, avec pour terrain de jeu le quartier Baudelaire, en hommage au centre qui nous accueille. De son côté, Claude travaille une très belle série sur un concept qu'il avait amorcé plus tôt, avec des mosaïques de détails qui forgent une image de la ville comme un motif de Kanizsa…
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Demain, les souvenirs

Décidément, il y a du vague à l'âme sur Artemedion en ce moment ! Beaucoup de travail, beaucoup de travaux, peu de temps pour la photo et tellement de souvenirs qui remontent. Aujourd'hui était un jour particulier de ce point de vue. Un jour de mémoire familiale, sur les terres du Limousin.

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Moment de calme, face à un champ ensoleillé, avec cette clôture qui me rappelle que certaines choses sont maintenant inaccessibles, évoquées, floues, lointaines, fanées. Seul reste le cadeau du présent ; les souvenirs, c'est toujours pour demain.
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Papillon noir

Cette fois, le jardin est là pour de bon. Il est apparu avec l'été et il s'étend paresseusement sous les murs blancs de la maison, avec ses herbes devenues folles à force d'absence, les ombres du cerisier et les senteurs de la lavande. Je profite du soleil, je pense au plaisir de cet endroit chargé de souvenirs, au mélange yin et yang du temps passé et des horizons futurs. Justement, une créature tout à fait en accord avec mon humeur me rappelle au présent. Un papillon noir.

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Mais bien sûr, il n'est noir qu'un instant. Il a tôt fait de me rappeler que remâcher les souvenirs, mêmes les bons, ça ne peut pas durer. Que les couleurs du moment comptent bien plus que les ombres évanouies ou insaisissables. Et le Paon-du-Jour s'en va, virevoltant, hésitant, insouciant.

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Cela dit, un papillon ça n'a l'air de rien, mais le photographier de près avec un appareil manuel et un objectif à focale assez courte, eh bien c'est un peu sportif. Un défi, une loterie. Heureusement, grâce au capteur numérique on ne paye plus la pellicule gâchée…
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Trouble et double

Encore une nouvelle d'importance dans mon petit univers photo. Je n'en ai pas parlé avant de savoir quelle tournure cela prendrait, mais il y a quelques mois Pascal Reydet m'a proposé de participer à une exposition photographique collective. Flatté, je suis.

Mais le plaisir de l'ego ne dure qu'un instant. Puis viennent les questions, les doutes, la perplexité, l'angoisse de la pellicule noire (oui, c'est l'angoisse de la page blanche mais pour les photographes…).

Bref, que faire ? Accepter, bien sûr, et ne pas bouder son plaisir. Et que présenter ? Sachant que je n'ai pas produit grand chose de fantastique depuis des mois (voire depuis le début, oui, mauvaises langues !).

J'ai choisi le concept des surimpressions que je mûris depuis quelques temps. Mais je vais aller plus loin et travailler à deux index et quatre yeux. Premiers essais cet après-midi, dans le calme, avec mon complice Claude. En voici un petit extrait qui m'a bien plu.

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Le concept est simple : au lieu de faire mes surimpressions seul, nous alternons les prises de vues au fil de notre balade. Les photos se mélangent dans l'appareil sans que nous puissions avoir la main sur le processus. On obtient ainsi une vue un peu cubiste de notre exploration : des moments différents, des regards différentes, mais des images qui tracent, une par une, deux regards siamois.

J'ai hâte de ressortir travailler tout ça ! L'exposition est prévue au centre culturel Baudelaire, à Dijon, probablement à l'automne prochain. Stay tuned, qu'ils disent…
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Grande ouverture

La Trinité, en quelque sorte ! La grande nouvelle du jour, c'est l'arrivée d'un troisième objectif dans ma besace photographile : le Voigtländer Nokton 58 mm f/1.4 qui vient compléter le 20 mm et le 40 mm. Il y a bien quelques autres pièces dans mes affaires, mais ce sont ces trois là que je vise depuis des mois et que je compte bien emmener partout avec moi.

Je n'ai pas attendu pour aller le tester dans mon quartier de lignes préféré, et j'en suis revenu avec des pièces inattendues — pas très élaborées, mais en tout cas différentes de mes habitudes. Beaucoup de détails, de petits motifs, de lignes droites plutôt que fuyantes. Le regard change quand la focale varie.

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Pour sauver la face, ou revenir sur mon territoire habituel, j'ai quand même un ou deux clichés qui rappellent d'autres prises de vues plus abstraites. Notamment cette vue de l'auditorium, un angle dont je ne me lasse pas et que j'ai repris plusieurs fois avec des rendus — et des succès — différents :

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Quoiqu'il en soit, on sent toujours autant la "patte" de la marque Voigtländer sur mon nouvel arrivant, avec sa construction solide et son toucher si souple dans la mise au point. Profondeur de champ minimale à pleine ouverture, bien sûr, et déjà du piqué.

Pour le moment je suis encore un peu timide, mais un jour — un jour ! — je partirai faire du portait tout simple avec ce caillou tout doux. Ou l'inverse.
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Point de rencontre

Toujours ensorcelé par la vie vue dans les grandes largeurs, je sors, je sors encore, je regarde dans mon viseur et je vois fuir les lignes à tire d'aile. La moisson du jour me donnerait presque le vertige tant j'ai levé le nez pour regarder au fond d'abimes fuyant vers une singularité invisible.

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De temps en temps pourtant c'est le feu d'artifice et enfin on touche au but, comme dans cet enchevêtrement de fils tel qu'on n'en voit plus très souvent en ville, où les lignes sont plutôt enterrées ou collées aux murs.

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Un bon moment, une belle sortie, un peu de photo, point de rencontre.
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Je te dirai qui tu es

Le portrait, c'est un peu mon Everest photographique — fascination, envie, crainte et renoncement. Comme un alpiniste de salon, je n'ai jamais vraiment tenté l'aventure, je me contente d'en rêver en regardant les photos que les autres en ont rapporté. Je sais ce que je vois, ce que je voudrais coucher sur la pellicule, je vois des modèles, je laisse filer les moments.

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Cet après-midi, comme c'est parfois arrivé, les étoiles se sont alignées. Le bon moment, la bonne personne, prendre le temps et laisser faire. Rien de très préparé mais quelques images plus ou moins réussies. Le regard de l'autre, ce qu'il cache et ce que je vois, l'intimité que l'on crée dans un temps fugace, et l'abime qui regarde en moi, qui mélange les sensations, qui m'arrête au milieu du mouvement.
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Distorsion

Dans l'univers de rêveries et de reflets qui me hante depuis quelques mois, je suis tombé un peu par hasard sur cette vision étrange et fugace : une voiture qui se fond dans le décor et adopte, pour ne pas nous heurter, le reflet de son environnement.

Une idée à l'équilibre un peu tendu, perdue entre les lignes arrondies du grand angle et un camouflage mimétique façon Ghost In The Shell. Sur le moment ça m'a frappé, j'ai pris la photo sans plus y penser. J'ai conservé ici le rendu direct de l'appareil (sauf retrait de quelques poussières un peu gênantes). Avec cette voiture banale, les arbres, la maison, je trouve quelque chose de spontané dans cette vue, un cadre qui s'oppose à un rendu d'apparence étudiée.

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Je crois qu'en fin de compte c'est une note à moi-même, un pense-bête pour essayer de retrouver cette idée dans d'autres situations — voir si le mélange entre reflets aux limites incertaines, déformations des lignes et contraste fort pourrait me mener quelque part. Une future série ?
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Plus grand que la vie

Sous la pluie, le bonheur. Celui de sortir avec mon boitier et… un nouvel objectif. Enfin ! Depuis presque un an que je le cherchais, j'ai fini par mettre la main sur un Voigtländer 20mm f/3.5 tout beau, tout neuf ! J'ai profité du weekend pour faire un tour en ville, et bien sûr je suis passé par mon quartier de test préféré.

J'ai bien un autre grand angulaire magnifique (le Nikon 24mm f/1.4, la huitième merveille du monde), mais comme il est un poil encombrant et que je sors de plus en plus légèrement équipé, j'avais perdu l'habitude de voir le monde en long et en large.

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J'ai donc redécouvert la complexité du cadrage avec un grand-angle. Bon sang, il en rentre dans le viseur ! Difficile de faire un choix, il faut sacrément bouger pour cadrer correctement : voilà qui promet de longs mois de travail avant d'être un peu mieux apprivoisé.

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Bref, un objectif formidable, compact et très bien construit, doux et précis dans la mise au point. Alors oui, les pixelomanes lui reprocheront des douceurs dans les coins et des franges un peu trop punk. Mais la vérité est ailleurs — n'écoutons pas les aigris et ne boudons pas notre plaisir !
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L'arbre dort

L'été s'est terminé dans la tristesse. Ça ne peut pas toujours être rose : parfois c'est noir. L'automne est arrivé avec son soleil radieux, ses températures hors saison et ses couleurs rêveuses. Je n'ai pas tellement fait de photos ces dernières semaines. Mais je n'ai pas oublié mes fantaisies en surimpression. Alors à la faveur d'une fin d'après-midi familiale et lumineuse, j'ai remis le couvert sensible.

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Le don de double vue

Bien souvent, je cherche à voir ce que je ne vois pas. Ma lubie de l'été, c'est d'explorer le monde avec des photos faites de doubles expositions, des surimpressions directement mixés par le boitier — des images que je ne regarde pas après la prise de vue, pour avoir la surprise du résultat une fois rentré.

J'y trouve un côté onirique, la nostalgie d'un instant superposé sur un autre, une approche un peu à la Picasso où l'on pourrait représenter en même temps plusieurs visions sur un même plan.

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Les arbres prennent une autre tournure et le moindre chemin deviendrait Fangorn, le ciel se peuple de chimères instantanées, les visages sont marqués aussi bien par le temps que l'espace et chaque ombre met à nu son côté obscur. Le kaleidoscope des formes et des couleurs m'hypnotise, la symbolique devient facile mais tellement rassurante. Je consomme sans modération, je ne sais pas où je vais ni ce qui en restera…

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Les premières expériences de l'été ont été concluantes, j'ai fini par obtenir un peu ce que je recherchais. Reste à travailler encore pour affiner tout ça. Les vacances sont un peu moroses, pour des raisons personnelles, mais elles ne sont pas terminées !
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Juste en face

Comme le brocolis, à peine moins fractal. Comme la rose, mais pourpre. Comme les orties, sans les piquants. Je ne connais pas le nom de cette plante, ou peut-être mon cerveau têtu et fatigué ne veut-il pas le retenir. En tout cas c'est une drôle de plante aux dessins psychédéliques et aux couleurs plutôt bien assorties (si on vit dans les années 70 bien sûr…).

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La porte du Diable

En battant la campagne, en empruntant quelque petite route dans la forêt, on la trouve facilement, si l'on sait où chercher. Cette ruine curieuse, inattendue et dont l'agencement défie le sens commun. Une porte à meneau en bordure d'un bois, flanquée de deux murs et deux contreforts qui font encore leur office. Son calcaire gris-beige renvoie la lumière forte de l'été malgré les arbres et le lierre qui l'assaillent.

On cherche en vain un ensemble plus grand auquel elle aurait été intégrée. Mais rien. Au pied d'une colline un peu raide, ce n'est guère étonnant. Mais qu'est-ce que c'est ? Saint Google répond à mes prières et me nomme la belle incongrue : la porte du Diable. Ou plus prosaïquement la porte Bonnet.

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On trouve tout, et surtout n'importe quoi, dans les textes écrits à propos du lieu. Diables et dames blanches, illuminés et sectes, vandales et étudiants avinés, vidéos loufoques et photos sous toutes les coutures. Je reviendrai peut être un jour de brume faire quelques clichés d'ambiance plus douceâtre. En attendant je me suis assis près de cette porte et j'ai écouté le silence du paradis et le chant des oiseaux dans la forêt…
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