August 2013

Les animaux du monde

Séquence animaux. J'ai la chance d'avoir grandi près d'un zoo. Toute mon enfance a été bercée par des bruits étrangers à la plupart de mes copains. Les cris des singes, le feulement grave des lions, les craquètements des perroquets, les barrissements des éléphants ou, plus rarement, les hurlements des loups…

Maintenant les propriétaires ont changé, ils méprisent les habitants du coin, on ne peut plus accéder au lieu à volonté comme au bon vieux temps. Mais c'est pas grave, on en a bien profité, c'est le plus important.

On voit moins les animaux, c'est tout.

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Pourtant, les quelques fois où on écorche le portefeuille, la magie est toujours là, les animaux toujours aussi majestueux, attachants… Amoureux aussi.

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Comme beaucoup de monde j'imagine, je suis toujours partagé entre la joie de contempler ces animaux lointains, magnifiques, que je n'aurai sans doute jamais l'occasion de voir dans leur milieu naturel, et la frustration de les savoir enfermés et neurasthéniques, même si c'est dans un écrin qui est souvent verdoyant et bien pensé.

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Quatre cents siècles

Du haut de ces rochers, quatre cents siècles vous contemplent. C'est la phrase qui m'est venue en tête au moment où j'ai revu la Roche mythique de Solutré.

Elle n'a guère changé, si ce n'est qu'elle bénéficie maintenant d'un chemin bien plus confortable pour se promener. C'est presque dommage, tant sont nombreux les souvenirs d'enfance à crapahuter dans les rochers, ou, un peu moins loin dans le temps, les soirées d'escalade sur le piton et les nuits au feu de camp, à arpenter les chemins sinueux sous les taillis avec les copains…

Aujourd'hui, je l'ai photographiée un peu sous tous les angles. Mais ce n'est qu'au moment de partir que j'ai eu le déclic. Je me suis garé, je suis sorti de la voiture, et j'ai pris une unique photo. Ma préférée !

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L'air là-bas est plus léger, plus mystérieux que dans la vallée en bas, plus lumineux, plus tendre. Il y a quelque chose de la Comté dans ces vignes — ne me demandez pas pourquoi, alors qu'il n'est pas tellement question de vignobles au pays des Hobbits. Mais le silence de cette journée, le vert à perte de vue et le chant perdu des oiseaux m'ont transporté dans une ambiance délicate et riante, à la fois lourde de traditions et intemporelle au point d'en devenir rassurante.

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Les entre-lieux

Ça y est, enfin, je l'ai ! Quoi ? Mais l'objectif dont je rêve depuis des mois. Le passage du zoom aux focales fixes a été un bonheur, je saute maintenant le pas de l'autofocus à l'objectif manuel. Alors, place au Voigtländer Ultron 40 mm f/2. Manuel, discret, magnifiquement construit.

Pour fêter ça, bien sûr, je suis sorti faire quelques photos. Et c'est curieux : au lieu de me jeter sur mes sujets de prédilection, j'ai bloqué sur quelque chose que je n'avais pas vraiment regardé avant. Des espaces urbains déserts, jamais vraiment inutiles, mais pas vraiment utilisés. Des espèces d'entre-lieux, coincés parmi des lieux plus utiles, plus visibles.

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Vous les connaissez, ces entre-lieux ? Ils nous aspirent et nous rejettent en même temps, ils sont vides mais pleins de cicatrices du passé et du futur, ils sont silencieux et bruissant de mille feuilles mortes, à la fois ternes et vulgairement colorés. Je me suis promis de faire une série là-dessus un jour. Mais faudra être sacrément inspiré !

Heureusement, j'ai aussi retrouvé, non loin, les lignes rassurantes et les brillances étranges de mes architectures favorites…

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