Photographe, toujours tu chériras l'hiver

Petite sortie presque hivernale ce matin. À l'heure où blanchit la campagne, je… Non, une bonne heure après cette heure-là, j'ai rejoint mes camarades de crapahute dans la nature. Notre objectif (ha, ha, jeu de mot !) était de capturer un peu de ce qu'on aime dans l'hiver : les matins brumeux, le soleil timide qui vient après, le givre et la rosée sur les herbes humides, les couleurs passées de la forêt et l'air aussi glacé que clair.

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Mais à part un peu de brume, pas grand chose de tout cela aujourd'hui. Je n'ai pas ramené de "belles" photos. Ce n'est pas grave. Restent les échos de notre amitié, le plaisir d'avoir marché ensemble, les joues rosies de froid, et nos rires plus ou moins fins résonnant joyeusement dans la campagne…
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Le saloon de la photo

Entre ici, ô cowboy photographique ! Toi qui marche les jambes arquées à cause de ton matériel si imposant. Toi qui ne peut faire un pas sans emmener un boitier de deux kilos, flanqué de son objectif à la lentille énorme, posé sur un trépied sorti d'un film de science fiction. Toi qui viens au Salon de la Photo parce que tu vis photo, tu respires photo et tu plies sous le poids du matériel haut de gamme.

Aujourd'hui, pour ponctuer deux mois de travail infernal non-stop, c'est journée plaisir au milieu des autres geeks de la photo, à la grand' messe du genre, à Paris bien sûr. Petit cliché dans le train avec mon copain Claude, compagnon d'aventures photo, ami de toujours depuis dix ans (oui, oui), l'oeil constamment rivé au 5D et l'imagination sans cesse en alerte…

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Et nous avons donc pris bien du plaisir à regarder, tester, tripoter et conjecturer sur tout ce que le monde de la photographie offre de plus raffiné, de plus tape-à-l'oeil, de plus cher, de plus technologique, de plus poétique ou de plus surfait. Nous avons tâté du Zeiss, du Nikon, du Canon, même du Fuji, des objectifs qui valent six mois de salaire (les bons mois…), des imprimantes qui pèsent le poids d'une voiture, des photos qui vomissent la couleur et d'autres qui sussurent l'amour du temps qui passe.

Le tout au milieu des rêveurs et des techno-poètes comme nous, au milieu des prétentieux qui ne sortent pas sans un sac à dos énorme et deux boitiers à la ceinture, au milieu des dingues du déclencheur qui mitraillent les hôtesses et les mires de test, au milieu des rédacteurs de magazines, des conférenciers, des développeurs d'applications miracles, des farfelus qui font une analyse freudienne de chaque photo, des agences de voyage, des gens qui mâchent la bouche ouverte, de ceux qui sont juste contents d'être là et sourient aux autres, des artistes d'un jour et des vendeurs de billets gratuits à la sauvette.

Mais avec ça, on n'a même pas pu voir un Leica. Non. Car Leica n'expose pas. Leica se contente d'être là et de toiser le reste du monde. Leica cache ses boitiers dans les tiroirs mélaminés d'un meuble fermé à clef. Pff.
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Les feuilles aldines

Le vert est à l'ordre du jour, pour fêter l'apparition encore timide du soleil. Dans ce jardin familial courent de drôles plantes grimpantes. Elles ont l'air de lancer de petits tentacules dans le vide, aveuglément, pour saisir de quoi se hisser un peu plus haut. De temps à autre ça marche, visiblement, et la haie qui subit ce passager d'apparence délicate semble bientôt sur le point de suffoquer sous l'assaut de ses dizaines de congénères…

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En attendant, les courbes gracieuses semblent faites pour figurer des culs-de-lampe typographiques qui viennent ponctuer l'avancée imperceptible de cette liane miniature…
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Rêves en couleur

Ce soir les couleurs du ciel sont impressionnantes, presque iréelles. Il y a dans l'air une couleur rare, palpable et légère, une sorte de chaleur violette, un orange teinté de fraicheur, un prélude rouillé pour un soir martien sorti tout droit d'un rêve de Bradbury.

Sur cette photo il n'y a pratiquement pas de traitement, j'ai juste un peu renforcé la saturation. Les couleurs sont plutôt proches de ce que j'ai retenu de ce moment. Il y avait même encore plus d'orange contre les maisons alentour, comme si la lumière avait rebondi sur la grisaille des murs et s'était épaissie au contact de l'atmosphère, dans la poussière bruissante et suspendue.

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Ce que vivent les roses

Je prends souvent des photos assez sombres — on me le reproche régulièrement d'ailleurs. C'est un peu triste parait-il. Moi je ne les trouve pas tristes, juste propices à la contemplation et au silence. Chacun voit la tristesse où il le peut. Mais ce qu'on sait moins, comme pour le Schtroumpf Grognon, c'est qu'un autre de mes sujets préférés, ce sont les fleurs (et parfois les petites bêtes qui les butinent…). En toute simplicité, et en mode macro bien sûr.

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Je suis moyennement équipé pour ça (les bagues allonges et les lentilles close-up, ce n'est pas vraiment l'aristocratie de la macrophotographie), et pas toujours très inspiré. Mais ça ne fait rien, j'y vais quand même. En tout début de matinée, quand le soleil rase encore la campagne et que la rosée, avec un peu de chance, dort sur les étamines. Je me perds dans le dessin des pétales, les couleurs incroyables et les ombres sucrées de leur coeur. Du coup je ne cherche pas plus loin, et tant pis pour les grincheux et les puristes.

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