Textures tannées

Les photos forestières seront bientôt plus nombreuses que les photos urbaines ici. C'est l'environnement qui veut ça, le changement d'air, le retour aux bois de mon enfance. Parmi les bons moments des balades d'antan, je me souviens avec délices des champignons des sous-bois, des lianes le long des troncs des frênes, de l'odeur de l'humus avant la pluie et du chant des oiseaux dans les ramures centenaires…

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Aujourd'hui j'ai paressé devant les écorces des vieux arbres, l'oeil rivé à l'objectif — pour parcourir un univers à part, qui se touche, se regarde et s'explore avec minutie, à la recherche des paysages les plus rêches, des déchirures profondes, des couleurs minérales ou des lichens lovecraftiens

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Exposition, expositions

Le projet ne recule pas, c'est déjà une bonne nouvelle. J'ai une première série d'images réalisées pour l'exposition Baudelaire à Dijon (qui aura finalement lieu en janvier-février 2017). Il reste encore une ou deux séances à faire pour aller un peu plus loin, faire un peu mieux, mais on a maintenant une assez bonne idée de ce que ça donnera.

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Le concept fonctionne très bien, je pense. L'idée de mélanger deux images en une seule donne vraiment cet aspect à la fois onirique, propre aux surimpressions, et philosophique, en quelque sorte, grâce à la superposition du regard de deux personnes différentes.

Le fait que l'on ne maitrise pas du tout le processus ajoute aussi de l'intérêt, même si ce n'est pas perceptible sur l'image. C'est l'appareil qui réalise la surimpression, un seul fichier image en sort et on ne le vérifie surtout pas tout de suite. Les déceptions sont donc nombreuses, mais il reste la spontanéité de l'inattendu lorsque le résultat magnifie le paysage urbain objet de nos confrontations visuelles.
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Photographie internationale

C'est en mode road trip que mon copain Claude et moi avons pris la route pour Köln et sa très renommée Photokina, l'un des salon photographiques les plus importants au monde. En l'espèce, nous n'avons pas été déçus. Deux jours pour voir les choses en grand !

La lumière bien sûr, mais aussi l'espace, le bourdonnement multilingue, les vitrines étincelantes, les sourires inamovibles des exposants gonflés à bloc et les images — les images, évidemment. Quelques expositions magnifiques et un long lèche-vitrines pour regarder le matériel rutilant présenté à nos yeux fiévreux, des nouveaux Olympus au moyen format Fuji, des drones en tous genres aux caméras fish-eye et autres gadgets vidéos présentés par une foule de fabricants asiatiques plus ou moins totalement inconnus.

Et une tendance amusante : le vintage photographique a toujours le vent en poupe et vire au tirage papier instantané, comme les vrais Polaroïds, en général dans une qualité à peine plus catastrophique que les originaux. On a bien vu une demi-douzaine de solutions autour de ce concept… novateur ?

Mais j'écris, j'écris, et j'oublie un point essentiel : la visite de Cologne.

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Le tourisme de salon a ses limites, et le déclencheur nous démange. Nous avons marché, traversé des quartiers assez déprimants, mais surtout vu quelques coins magnifiques, dans la périphérie comme dans le centre. Le tour a été court, mais très instructif grâce à une guide d'exception qui nous a fait découvrir "sa" ville (la famille est un peu dispersée, en l'occurence ça a du bon !). Et une cathédrale sombre à l'architecture flamboyante pour un mélange sucré-salé.

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Ah, et un détail curieux quand même, à la Photokina. Pour un salon international, j'aurais choisi l'anglais comme langue médiane et médium. Les Allemands ont une conception plus "française" de la chose : tout en allemand. Panneaux, conférences, plaquettes de présentation, service. Demärden Sie sich.

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Prisme urbain

Il y a encore fort à faire avant de pouvoir sortir enfin les quelques clichés de ma future exposition collective. Depuis mai les choses ont peu avancé, mais nous savons au moins une chose : si le concept est intéressant, sa réalisation n'est pas si simple.

Seul, je peux composer mes surimpressions, peu ou prou. C'est surtout le contraste qui joue, mais je ne me suis pas beaucoup plus penché sur le processus de mélange des vues par l'appareil. À deux, nous avançons à l'aveuglette. Parfois on rate le coche, parfois une partie est très bien mais l'image est déséquilibrée.

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C'est un peu le cas de celle-ci. J'aime bien sa dynamique, les lignes, les contrastes, mais l'ensemble est instable. Ça reste une de mes préférées quand même.

On continue l'exploration urbaine, avec pour terrain de jeu le quartier Baudelaire, en hommage au centre qui nous accueille. De son côté, Claude travaille une très belle série sur un concept qu'il avait amorcé plus tôt, avec des mosaïques de détails qui forgent une image de la ville comme un motif de Kanizsa…
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Demain, les souvenirs

Décidément, il y a du vague à l'âme sur Artemedion en ce moment ! Beaucoup de travail, beaucoup de travaux, peu de temps pour la photo et tellement de souvenirs qui remontent. Aujourd'hui était un jour particulier de ce point de vue. Un jour de mémoire familiale, sur les terres du Limousin.

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Moment de calme, face à un champ ensoleillé, avec cette clôture qui me rappelle que certaines choses sont maintenant inaccessibles, évoquées, floues, lointaines, fanées. Seul reste le cadeau du présent ; les souvenirs, c'est toujours pour demain.
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Papillon noir

Cette fois, le jardin est là pour de bon. Il est apparu avec l'été et il s'étend paresseusement sous les murs blancs de la maison, avec ses herbes devenues folles à force d'absence, les ombres du cerisier et les senteurs de la lavande. Je profite du soleil, je pense au plaisir de cet endroit chargé de souvenirs, au mélange yin et yang du temps passé et des horizons futurs. Justement, une créature tout à fait en accord avec mon humeur me rappelle au présent. Un papillon noir.

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Mais bien sûr, il n'est noir qu'un instant. Il a tôt fait de me rappeler que remâcher les souvenirs, mêmes les bons, ça ne peut pas durer. Que les couleurs du moment comptent bien plus que les ombres évanouies ou insaisissables. Et le Paon-du-Jour s'en va, virevoltant, hésitant, insouciant.

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Cela dit, un papillon ça n'a l'air de rien, mais le photographier de près avec un appareil manuel et un objectif à focale assez courte, eh bien c'est un peu sportif. Un défi, une loterie. Heureusement, grâce au capteur numérique on ne paye plus la pellicule gâchée…
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Trouble et double

Encore une nouvelle d'importance dans mon petit univers photo. Je n'en ai pas parlé avant de savoir quelle tournure cela prendrait, mais il y a quelques mois Pascal Reydet m'a proposé de participer à une exposition photographique collective. Flatté, je suis.

Mais le plaisir de l'ego ne dure qu'un instant. Puis viennent les questions, les doutes, la perplexité, l'angoisse de la pellicule noire (oui, c'est l'angoisse de la page blanche mais pour les photographes…).

Bref, que faire ? Accepter, bien sûr, et ne pas bouder son plaisir. Et que présenter ? Sachant que je n'ai pas produit grand chose de fantastique depuis des mois (voire depuis le début, oui, mauvaises langues !).

J'ai choisi le concept des surimpressions que je mûris depuis quelques temps. Mais je vais aller plus loin et travailler à deux index et quatre yeux. Premiers essais cet après-midi, dans le calme, avec mon complice Claude. En voici un petit extrait qui m'a bien plu.

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Le concept est simple : au lieu de faire mes surimpressions seul, nous alternons les prises de vues au fil de notre balade. Les photos se mélangent dans l'appareil sans que nous puissions avoir la main sur le processus. On obtient ainsi une vue un peu cubiste de notre exploration : des moments différents, des regards différentes, mais des images qui tracent, une par une, deux regards siamois.

J'ai hâte de ressortir travailler tout ça ! L'exposition est prévue au centre culturel Baudelaire, à Dijon, probablement à l'automne prochain. Stay tuned, qu'ils disent…
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Grande ouverture

La Trinité, en quelque sorte ! La grande nouvelle du jour, c'est l'arrivée d'un troisième objectif dans ma besace photographile : le Voigtländer Nokton 58 mm f/1.4 qui vient compléter le 20 mm et le 40 mm. Il y a bien quelques autres pièces dans mes affaires, mais ce sont ces trois là que je vise depuis des mois et que je compte bien emmener partout avec moi.

Je n'ai pas attendu pour aller le tester dans mon quartier de lignes préféré, et j'en suis revenu avec des pièces inattendues — pas très élaborées, mais en tout cas différentes de mes habitudes. Beaucoup de détails, de petits motifs, de lignes droites plutôt que fuyantes. Le regard change quand la focale varie.

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Pour sauver la face, ou revenir sur mon territoire habituel, j'ai quand même un ou deux clichés qui rappellent d'autres prises de vues plus abstraites. Notamment cette vue de l'auditorium, un angle dont je ne me lasse pas et que j'ai repris plusieurs fois avec des rendus — et des succès — différents :

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Quoiqu'il en soit, on sent toujours autant la "patte" de la marque Voigtländer sur mon nouvel arrivant, avec sa construction solide et son toucher si souple dans la mise au point. Profondeur de champ minimale à pleine ouverture, bien sûr, et déjà du piqué.

Pour le moment je suis encore un peu timide, mais un jour — un jour ! — je partirai faire du portait tout simple avec ce caillou tout doux. Ou l'inverse.
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Point de rencontre

Toujours ensorcelé par la vie vue dans les grandes largeurs, je sors, je sors encore, je regarde dans mon viseur et je vois fuir les lignes à tire d'aile. La moisson du jour me donnerait presque le vertige tant j'ai levé le nez pour regarder au fond d'abimes fuyant vers une singularité invisible.

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De temps en temps pourtant c'est le feu d'artifice et enfin on touche au but, comme dans cet enchevêtrement de fils tel qu'on n'en voit plus très souvent en ville, où les lignes sont plutôt enterrées ou collées aux murs.

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Un bon moment, une belle sortie, un peu de photo, point de rencontre.
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Je te dirai qui tu es

Le portrait, c'est un peu mon Everest photographique — fascination, envie, crainte et renoncement. Comme un alpiniste de salon, je n'ai jamais vraiment tenté l'aventure, je me contente d'en rêver en regardant les photos que les autres en ont rapporté. Je sais ce que je vois, ce que je voudrais coucher sur la pellicule, je vois des modèles, je laisse filer les moments.

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Cet après-midi, comme c'est parfois arrivé, les étoiles se sont alignées. Le bon moment, la bonne personne, prendre le temps et laisser faire. Rien de très préparé mais quelques images plus ou moins réussies. Le regard de l'autre, ce qu'il cache et ce que je vois, l'intimité que l'on crée dans un temps fugace, et l'abime qui regarde en moi, qui mélange les sensations, qui m'arrête au milieu du mouvement.
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Distorsion

Dans l'univers de rêveries et de reflets qui me hante depuis quelques mois, je suis tombé un peu par hasard sur cette vision étrange et fugace : une voiture qui se fond dans le décor et adopte, pour ne pas nous heurter, le reflet de son environnement.

Une idée à l'équilibre un peu tendu, perdue entre les lignes arrondies du grand angle et un camouflage mimétique façon Ghost In The Shell. Sur le moment ça m'a frappé, j'ai pris la photo sans plus y penser. J'ai conservé ici le rendu direct de l'appareil (sauf retrait de quelques poussières un peu gênantes). Avec cette voiture banale, les arbres, la maison, je trouve quelque chose de spontané dans cette vue, un cadre qui s'oppose à un rendu d'apparence étudiée.

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Je crois qu'en fin de compte c'est une note à moi-même, un pense-bête pour essayer de retrouver cette idée dans d'autres situations — voir si le mélange entre reflets aux limites incertaines, déformations des lignes et contraste fort pourrait me mener quelque part. Une future série ?
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Plus grand que la vie

Sous la pluie, le bonheur. Celui de sortir avec mon boitier et… un nouvel objectif. Enfin ! Depuis presque un an que je le cherchais, j'ai fini par mettre la main sur un Voigtländer 20mm f/3.5 tout beau, tout neuf ! J'ai profité du weekend pour faire un tour en ville, et bien sûr je suis passé par mon quartier de test préféré.

J'ai bien un autre grand angulaire magnifique (le Nikon 24mm f/1.4, la huitième merveille du monde), mais comme il est un poil encombrant et que je sors de plus en plus légèrement équipé, j'avais perdu l'habitude de voir le monde en long et en large.

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J'ai donc redécouvert la complexité du cadrage avec un grand-angle. Bon sang, il en rentre dans le viseur ! Difficile de faire un choix, il faut sacrément bouger pour cadrer correctement : voilà qui promet de longs mois de travail avant d'être un peu mieux apprivoisé.

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Bref, un objectif formidable, compact et très bien construit, doux et précis dans la mise au point. Alors oui, les pixelomanes lui reprocheront des douceurs dans les coins et des franges un peu trop punk. Mais la vérité est ailleurs — n'écoutons pas les aigris et ne boudons pas notre plaisir !
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