mystère

Le coeur sur les mains

Elle parle, mais sa voix n'est pas seule. Son corps parle aussi, et il a des choses à dire. Ses mains, en particulier, semblent douées d'une autonomie fluide, presque animale. Elles suivent la conversation, elles réagissent, ou bien elles suivent un autre fil de pensée et elles s'occupent comme si de rien n'était. J'écoute du regard, et je sens ce qu'elles disent.

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Quand elles parlent, elle ouvre son coeur ; quand elles bougent, elle l'a sur la main. Alors on peut lire à coeur et à travers. Les couleurs de son humeur, les angoisses et les attentes, les impatiences et les désirs. Le temps passe, et la conversation se mue en silence. L'objectif est là, les mains sont vues, et de peur d'être lues elles se posent sagement en attendant que le regard promène ses questions sur d'autres paysages…
 
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Le don de double vue

Bien souvent, je cherche à voir ce que je ne vois pas. Ma lubie de l'été, c'est d'explorer le monde avec des photos faites de doubles expositions, des surimpressions directement mixés par le boitier — des images que je ne regarde pas après la prise de vue, pour avoir la surprise du résultat une fois rentré.

J'y trouve un côté onirique, la nostalgie d'un instant superposé sur un autre, une approche un peu à la Picasso où l'on pourrait représenter en même temps plusieurs visions sur un même plan.

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Les arbres prennent une autre tournure et le moindre chemin deviendrait Fangorn, le ciel se peuple de chimères instantanées, les visages sont marqués aussi bien par le temps que l'espace et chaque ombre met à nu son côté obscur. Le kaleidoscope des formes et des couleurs m'hypnotise, la symbolique devient facile mais tellement rassurante. Je consomme sans modération, je ne sais pas où je vais ni ce qui en restera…

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Les premières expériences de l'été ont été concluantes, j'ai fini par obtenir un peu ce que je recherchais. Reste à travailler encore pour affiner tout ça. Les vacances sont un peu moroses, pour des raisons personnelles, mais elles ne sont pas terminées !
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La porte du Diable

En battant la campagne, en empruntant quelque petite route dans la forêt, on la trouve facilement, si l'on sait où chercher. Cette ruine curieuse, inattendue et dont l'agencement défie le sens commun. Une porte à meneau en bordure d'un bois, flanquée de deux murs et deux contreforts qui font encore leur office. Son calcaire gris-beige renvoie la lumière forte de l'été malgré les arbres et le lierre qui l'assaillent.

On cherche en vain un ensemble plus grand auquel elle aurait été intégrée. Mais rien. Au pied d'une colline un peu raide, ce n'est guère étonnant. Mais qu'est-ce que c'est ? Saint Google répond à mes prières et me nomme la belle incongrue : la porte du Diable. Ou plus prosaïquement la porte Bonnet.

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On trouve tout, et surtout n'importe quoi, dans les textes écrits à propos du lieu. Diables et dames blanches, illuminés et sectes, vandales et étudiants avinés, vidéos loufoques et photos sous toutes les coutures. Je reviendrai peut être un jour de brume faire quelques clichés d'ambiance plus douceâtre. En attendant je me suis assis près de cette porte et j'ai écouté le silence du paradis et le chant des oiseaux dans la forêt…
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Insaisissable

Plus l'appareil est simple, plus on peut aller loin. Plus on en a envie, peut-être. D'ailleurs, plus loin pourrait bien signifier plus simple. La quantité étouffante d'arguments commerciaux en faveur de la simplicité est la marque des temps de complication effrénée, c'est une évidence. La boucle est bouclée. C'est cette sensation que je continue à découvrir en trimballant mon Df.

Je fais de moins en moins d'efforts en photo, ce qui se traduit la plupart du temps par des photos d'une platitude sans nom. Mais quelques-unes, parfois, ouvrent la porte sur un monde de rêverie et me font signe qu'il y a quelque chose de plus à aller chercher. Et ce quelque chose pourrait bien être atteint plus facilement en laissant de côté les automatismes de l'appareil — comme on laisse alors de côté les automatismes de la personne.

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Reste à aller chercher ce quelque chose, à faire un effort pour le sortir. Faire un pas de côté, comme dirait quelqu'un que j'aime bien. Aller chercher le concept, la nature, l'insaisissable. Je devrais mettre plus d'imagination là où je veux montrer ce que je vois. Paradoxe de la photographie ? Soit ! On dit toujours que le matériel ne fait pas le photographe : c'est vrai, mais il l'influence, c'est sûr.
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